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140 L'ENFANCE DE SUZETTE.

c'était la rougeole. Elle régnait dans un village voi-
sin,

— « Quelque habitant de ce village, dit le médecin,
a apporté, sans le savoir, dans ses vétements les
germes invisibles de la maladie, ou peut-étre un
coup de vent les a-t-il poussés sur Fragicourt; car
c'est ainsi que se propagent les épidémies. »

Il ordonna quelques mesures de précaution,
comme de laver les vétements de Charlot dans de
I'eau phéniquée, de mettre du chlore dans les pitces
de I'habitation : cela suffirait, peut-8tre, & préserver
les trois ainés.

Mais il n’était déja plus temps; ils furent atteints
l'un aprés l'autre et 1'épidémie éclata dans un grand
nombre de maisons. L'école fut fermée, faute d’éco-
liers. !

Heureusement la rougeole n'est pas une maladie
grave. Des tisanes chaudes de fleurs de mauve, de
tilleul, ou de feuilles d’eucalyptus, et surtout la pré-
caution de se tenir au lit chaudement, voila les prin-
cipaux remedes. Elle ne devient dangereuse que si
les petits malades commettent I'imprudence de se
découvrir et, par suite, prennent froid.

Jacques ct Suzette s'aiderent eux-mémes dans le
traitement. Mais Charlot, qui était petit, et Fran-
gois, qui n'était pas grand, manquant tous deux
de raison, exigerent une infatigable surveillance et
donnérent bien de la peine & la pauvre maman.

Elle allait d'un lit & 'autre, plaignant I'un, gron-
dant doucement l'autre, les encourageant tous et
les couvant de sa tendresse.


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